Cette semaine j’ai eu le plaisir de rencontrer Olivier Torres, enseignant-chercheur. Cet homme se décrit comme PMIste, fervent défenseur de ces milliers de dirigeants qui font vivre la France, l’économie française, et qui comme tout être humain peuvent être victimes de stress, de burn-out, allant parfois jusqu’au suicide.
Oui mais voilà, qui en parle ?
Le rapport Lachmann, publié en 2010, liste 10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail à destination des salariés du secteur privé, et s’étend aux agents de la fonction publique. Une belle avancée en matière de prévention des risques psychosociaux, c’est évident, et les textes de loi qui ont suivi ont permis de reconnaître les conséquences du stress au travail sur la santé des salariés (accord interprofessionnel du 02/07/2008 sur le stress et arrêté du 23/04/2009).
Qu’en est-il des dirigeants d’entreprise, ces hommes et ces femmes qui ont décidé un beau jour de créer leur boîte, ou de reprendre une entreprise ?
Ce même Henri Lachmann, ancien PDG de Schneider Electric, avoue ne pas avoir été informé lorsque son entreprise avait un impayé de 5 millions d’euros, un dirigeant de PME peut-il en dire autant ?
Olivier Torres permet de mettre en évidence une vérité criante : qui se préoccupe de la santé des dirigeants ? Ses recherches, via l’association Amarok* qu’il a créé en 2010, permettent de mettre en évidence les qualités essentielles d’un entrepreneur, les éléments salutogènes :
-l’endurance : être en capacité de rebondir, quoiqu’il arrive
-l’optimisme : rappel de la définition selon Larousse : « doctrine philosophique selon laquelle le monde est bon et le bien y tient plus de place que le mal »
-l’autonomie : avoir le sentiment de maitriser sa vie
Olivier Torres appelle cela « la salutogénèse entrepreuneuriale » : entreprendre, c’est bon pour la santé !
Mais le danger pour chaque dirigeant est ne pas prendre en compte sa propre fatigue, son épuisement professionnel, les retentissements sur sa vie de famille, sa vie sociale, sa santé. Or, il semble qu’une fois de plus, cette décision lui appartienne, à lui et à lui seul, car pour l’instant aucun texte de loi n’existe pour le protéger.
« Je n’ai pas le temps d’être malade ». Vous avez déjà entendu cette phrase, peut-être même l’avez-vous plusieurs fois répétée vous-même ?
Accordez-vous ce temps, prenez soin de vous, et à votre santé cher dirigeant !
Géraldine Magnier
* AMAROK est un nom inuit qui signifie loup et qui renvoie à une légende dont le message est qu’une société doit protéger ceux qui la font vivre. Autrement dit, dans la légende esquimaude, le loup doit protéger les caribous.