Service social du travail et QVT

Partagez le contenu

« Les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail et leur capacité à s’exprimer et à agir sur le contenu de celui-ci déterminent la perception de la qualité de vie au travail qui en résulte », voici comment l’accord national interprofessionnel signé en juin 2013  a décidé de définir que c’est la QVT !

Depuis 2011, j’interviens en entreprise en alternant deux métiers : assistante sociale du travail et/ou formatrice Qualité de Vie au Travail. Ces deux postures professionnelles quoique bien différentes sur de nombreux aspects, nourrissent toutefois au quotidien l’une et l’autre de mes pratiques. Aujourd’hui, alors que le concept de RPS (Risques Psycho-Sociaux) laisse peu à peu la place à celui de la QVT, j’ai envie de mettre le focus sur ce métier que j’exerce avec de plus en plus de fun et de créativité !

QVT Géraldine Magnier

Un peu d’histoire

Depuis sa création en milieu de travail sous l’égide d’Albert Thomas, Ministre de la guerre pendant le conflit de 1914-1918, le service social a toujours été centré autour des questions de santé, entre autres. En effet, si l’on s’en réfère à la définition, désormais universelle, de la santé au sens de l’OMS, nous pouvons affirmer que le service social est un acteur clé de la santé au travail. La trop médiatisée mais aussi trop présente problématique des atteintes à la santé mentale (suicide, burn-out), via ces risques professionnels récents que sont les risques psychosociaux, réaffirme, s’il en était besoin, la place du Service social du travail parmi les acteurs de santé présents dans/ou aux côtés de l’entreprise. Ainsi, le Service social du travail tient une place singulière dans les organisations de travail où il est présent, encore faudrait-il qu’il en soit suffisamment conscient pour l’occuper, mais j’y reviendrai.

« Le service social agit sur les lieux du travail pour suivre et faciliter la vie des travailleurs, l’exercice de leurs droits. Sa mission est également d’étudier les problèmes soulevés par l’emploi des femmes, des jeunes et des travailleurs handicapés. Il participe à la coordination et la promotion des réalisations sociales décidées par l’employeur et par le comité d’entreprise et d’exercer auprès de ce dernier les fonctions de conseiller technique pour les questions sociales (Code du travail, articles L. 4631-1, D. 4631-1 à D. 4632-11)

Le service social devrait être présent dans les entreprises employant 250 salariés et plus, mais les entreprises sont encore bien loin de remplir cette obligation, le plus souvent par méconnaissance de notre métier, ce modeste article pourrait ainsi oeuvrer en se sens … La loi du 20 juillet 2011 portant réforme des services de santé au travail rappelle les conditions d’existence et d’organisation des services sociaux du travail et l’articulation avec les interventions des médecins et infirmières du travail.

Au coeur d’un réseau

Située à l’interface entre la vie au travail et la vie hors travail, je suis en tant qu’assistante sociale du travail (ou du personnel, ou encore interentreprises) appelée à agir sur différentes problématiques tant personnelles que professionnelles. Au cœur d’un réseau auquel je participe ou dont je suis à l’initiative,  j’ interviens en collaboration avec les directions des ressources humaines, les managers mais aussi les acteurs de santé au travail que sont le médecin du travail, et les équipes pluridisciplinaires.

Le service social du travail est également un interlocuteur du Comité d’entreprise pour les questions qui relèvent du champ d’intervention de ce dernier, mais aussi du CHSCT dans le domaine de l’environnement et de l’organisation de travail. A titre d’exemple, j’ accompagne les salariés en reclassement professionnel ou/et touchés par un handicap, une maladie invalidante… Cette problématique au cœur du maintien dans l’emploi, mobilise le médecin du travail, le référent « handicap » mais aussi le CHSCT dont une des missions est de veiller à l’intégration de ces personnels et à adaptation de leurs postes de travail.

Polyvalence des savoirs

Les savoirs professionnels et la connaissance des organisations de travail dans lesquelles je peux interagir me permettent d’établir une évaluation psychosociale globale de la situation des salariés que je rencontre. Différents domaines d’intervention peuvent être cités comme : le logement, le budget, les gardes d’enfants, les difficultés familiales et personnelles de tous ordres.

Mais le service social est également un appui précieux aux entreprises et établissements sur les questions de santé : accès aux droits et accompagnement des personnes en arrêt maladie ou accident de travail, préparation du retour vers le travail, reclassement professionnel… Dans ces domaines, le service social du travail apporte un éclairage et des connaissances spécifiques de par sa place d’interface.

Le service social est également un appui aux DRH, aux managers et cadres dans la prise en compte de salariés en difficultés (santé/conduites addictives…), en situation de handicap ou de toute autre situation singulière qu’il peut être amené à connaître, notamment des relations conflictuelles entre collaborateurs ou au sein d’une équipe. Lors des entretiens individuels, la question du travail et de la qualité de vie au travail est toujours interrogée.

Dans les grandes organisations de travail, par exemple, il peut participer à l’accueil des nouveaux arrivants. Il peut également avoir un rôle de prévention dans l’accompagnement des personnes devant quitter l’entreprise (PSE, retraite inaptitude définitive…).

De plus, il a une fonction d’alerte et d’observation sociale en permettant aux entreprises et établissements de mieux connaitre les problématiques et besoins auxquels sont confrontés leurs salariés. Cette dernière compétence permet au service social de se positionner comme une force de proposition dans les domaines d’intervention qui sont les siens. Je peux ainsi en fonction des salariés que j’accompagne individuellement, proposer un travail collectif auprès de l’équipe, en collaboration avec le manager. Et c’est bien à travers ces actions que je peux mettre du fun et de la créativité comme je l’ai écrit auparavant !

Enfin, dans cette vaste question des risques psychosociaux et de la qualité de vie au travail, le service social, confident singulier, tenu au secret professionnel,  acteur de l’entreprise où il se déplace et interagit dans un large réseau, est détenteur d’informations et d’indicateurs. Ainsi, sa place dans les groupes de réflexion sur cette thématique (auprès des CHSCT, des groupes prévention santé, groupe de travail QVT) devrait être naturelle, ce qui n’est pas encore le cas dans nombre d’entreprises.

Je reste persuadée que les assistants sociaux sont les interlocuteurs privilégiés en matière d’amélioration de la Qualité de Vie au Travail, bien loin des clichés du baby foot et des canapés colorés de Google, encore faudrait-il qu’ils en soient eux même conscients et prêts à valoriser leurs savoirs et leurs compétences en la matière.

Pour conclure, je pense aujourd’hui n’avoir jamais autant aimé mon métier que depuis que je l’exerce en freelance car j’explique moi-même mes missions et ce que je suis en capacité d’apporter à l’entreprise qui me contacte. L’humilité, c’est bien, mais le fun et la créativité c’est encore mieux !

#HappyAtWork !

Géraldine Magnier

 

Source des références (INRS, code du travail, ANAS, Commundi)