Nous sommes le 23 décembre 2016 et ma boite de mouchoirs en papier en vide. Le dernier est parti aujourd’hui, la veille du week-end de Noël.
Je choisis chaque boite avec beaucoup d’attention, et depuis plusieurs années maintenant j’ai instauré un certain rituel dans le rayon du supermarché, un peu comme le choix du sapin de Noël « lequel vais-je acheter ? Celui-ci ? Non trop petit … Celui-là alors ? Non trop large … Oui, celui-là, il sera parfait ».
Je suis très exigeante : je la veux colorée, joyeuse et dynamisante, parfois assortie au mobilier de mon bureau, parfois auréolée de paysages de rêves. Celle-ci est fleurie, car choisie en septembre, comme pour contrecarrer l’automne qui couvrirait bientôt les paysages alentours d’un camaïeu d’orange et de cuivre.
Je pourrais choisir une boite classique comme celle-ci :
Mais la mienne (colorée, joyeuse, dynamisante) est ma partenaire de travail et je choisis toujours précieusement avec qui je veux travailler ! Ces mouchoirs ont en effet une mission très spécifique dans mon bureau : ils sèchent les larmes mieux que n’importe quel autre concurrent 1er prix. Et quand je vois que l’émotion de mon client ou ma cliente est trop importante, lui tendre cette belle boite colorée, joyeuse et dynamisante devient un geste simple, souvent gratifié d’un sourire complice.
Aujourd’hui j’ai ainsi une pensée particulière pour tous les professionnels de l’écoute qui sont très sollicités pendant cette période de fêtes de fin d’année. En effet, Noël ne fait que mieux conscientiser la solitude dans laquelle de nombreuses personnes vivent. Je ne parle pas uniquement de personnes socialement isolées, mais également de toutes celles qui peuvent éprouver ce sentiment alors même qu’elles sont très entourées d’amis, de famille, d’enfants et qu’elles enchainent les repas et retrouvailles annuelles.
Je pense notamment aux profils particulièrement sensibles, ceux que l’on appelle les zèbres, les multi-potentiels, les surefficients mentaux, bref toutes ces personnalités qui chaque année étonnent ou sont admirées par les plus ouverts d’esprits sur les projets qu’elles ont pu mener à bien au cours des derniers mois, ou encore sont observées d’un regard méfiant par les plus suspicieux, mais aussi celles qui ont vécu de plein fouet les évènements qui secouent notre planète ces derniers temps et ont tellement de mal à comprendre le monde et sa violence.
L’injonction sociale à aimer ce qui entoure Noël peut être douloureux à cause de ce sentiment parfois envahissant d’être mal compris dans son cheminement de pensée, mal reconnu, parfois même dans la colère et dans la tristesse qui peut les submerger lors des discussions sur l’actualité de l’année 2016, qui décidément ne manque pas de sujets de discorde !
Ces professionnels de l’écoute sont parfois eux-même en difficulté face à Noël, et je ne peux m’empêcher de faire référence à Thérèse dans le film culte « Le Père Noël est une ordure » qui a su nous faire rire devant cette « misère sociale » !
« Ah nan mais c’est Chouchou que je veux, pas la moche.
– Mais je vous en prie, figurez-vous que Thérèse n’est pas moche. Elle n’a pas un physique facile, c’est différent.
– Oui et puis Thérèse, elle est vachement intelligente, elle a fait l’école d’assistante sociale. »
Alors bravo à tous ces professionnels, aux assistantes sociales, aux médecins, aux psychologues, aux coiffeuses, aux coachs, aux infirmières, aux boulangers, tous ceux qui écoutent, qui font preuve d’empathie et qui finissent par un « passez de bonnes fêtes » comme un dernier signe d’encouragement avant l’épreuve !
Quant à moi, ma boite est vide, j’ai tout donné cette année encore pour que mes clients puissent ressortir de mon bureau avec le sourire, avec le sentiment que ce qu’ils ont partagé avec moi n’est qu’une étape et que la vie nous réserve de belles surprises, même si elle est ponctuée par des évènements qui se répètent chaque année, inexorablement, comme Noël.
En 2017, je vous promets donc une boite à mouchoirs en papier encore plus colorée, joyeuse et dynamisante qui remplira sa mission mieux que quiconque !
Quant à vous, car après tout il serait bien trop restrictif de ne compter que sur des kleenex, et si vous décidiez de créer un évènement qui se répèterait chaque année, inexorablement. Un rendez-vous planifié tellement excitant, passionnant, émouvant, fascinant, qu’il vous ferait trépigner d’impatience comme un enfant devant son calendrier de l’avent ?
Plutôt que de subir un calendrier, créez des rendez-vous de bonheur !
Géraldine Magnier